Vendredi 1er juillet 2022, 19h00, Maison du Peuple (Place Chauderon 5, Lausanne, salle Jean Jaurès).
Discussion avec Elisa Moros, militante féministe franco-espagnole, membre du Réseau européen de solidarité avec les peuples de l’Ukraine et avec les opposant·e·s russes à la guerre.
Les mouvements féministes, riches d’une forte tradition pacifiste et antimilitariste, ont raison de s’inquiéter des effets de la guerre contre l’Ukraine sur les rapports de genre. Il est incontestable que l’agression russe, ainsi que de la centralisation du pouvoir du côté ukrainien, ont des effets particulièrement néfastes sur les femmes et minorités de genre: renforcement de la division sexuelle du travail, transfert accru et non rétribution du travail de reproduction sociale sur les femmes, multiplication des violences sexistes et sexuelles, etc. Dans ce contexte, le militantisme féministe est plus important que jamais.
Néanmoins, trop souvent, un pacifisme abstrait s’appuyant sur ces analyses féministes et éloigné des enjeux politiques concrets de la situation présente, se traduit dans les faits par l’incapacité d’une grande majorité des féministes occidentales à se solidariser réellement et concrètement avec la résistance ukrainienne et ses secteurs féministes. Ces positions féministes pacifistes abstraites tournent le dos aux féministes ukrainiennes dans leur ensemble et refusent d’entendre leurs voix, leurs analyses et leurs besoins qui articulent luttes contre le patriarcat et résistance contre l’envahisseur. Ces analyses féministes abstraites sont sans impact sur la guerre qui se déroule mais, plus grave encore, elles isolent nos camarades féministes ukrainiennes dans leur combat. Dans un contexte où les rapports de genre ne font que se renforcer, il est essentiel de renforcer, par des solidarités concrètes, les seuls acteurs politiques capables de mener la lutte féministe en Ukraine, à savoir les militantes féministes ukrainiennes.
Face à cette situation, il s’agira pour nous de réfléchir depuis une perspective féministe et internationaliste aux points suivants:
- Comment établir un vrai dialogue féministe internationaliste: sans abandonner les nombreux apports des féminismes d’ici et d’ailleurs (dont le féminisme antimilitariste), développer nos analyses à partir des données de terrain remontées par les féministes sur place en tenant compte des enjeux politiques concrets et des analyses et demandes des féministes ukrainiennes elles mêmes.
- Notre rôle dans cette lutte: ce qu’on peut faire d’ici pour soutenir celles qui mènent la lutte là-bas, y compris dans la Fédération russe où les féministes jouent un rôle particulier dans l’opposition à la guerre.