Clarification du Comité Ukraine Genève au sujet de la Manifestation du 4 octobre, Place des Nations

Genève, le 27 octobre 2022 •

Le mardi 4 octobre 2022, le comité Ukraine-Genève a co-organisé une manifestation sur la place des Nations à Genève appelant à échanger des prisonniers de guerre ukrainiens, détenus sur le territoire russe et les territoires ukrainiens occupés. 

Lors de cette manifestation, la parole a notamment été donnée au sous-commandant Serhii Tsisaryuk, vétéran de la guerre en Ukraine, grièvement blessé lors du siège de Mariupol et qui s’était exprimé quelques heures auparavant à l’ONU. M. Tsisaryuk a parlé de son expérience de combattant sur le front Sud et a réitéré l’appel lancé par le gouvernement ukrainien aux Nations Unies pour accélérer l’échange des prisonniers. Le Comité Ukraine Genève rappelle que le droit international humanitaire (DIH) également appelé “droit de la guerre” protège les civils, les blessés, les malades, les prisonniers de guerre, les internés, les naufragés, ainsi que le personnel sanitaire et les aumôniers. 

Dans un article du journal Le Courrier, le vêtement civil de M. Tsisaryuk a suscité une certaine émotion. En effet, sur les photos de la manifestation, on remarque que son T-shirt est doté d’un symbole du régiment Azov rappelant visuellement l’emblème d’une des divisions de l’armée hitlérienne. Le comité Ukraine Genève ne nie pas la ressemblance visuelle entre les deux symboles, et se distancie de toute utilisation publique de symboles qui peuvent être interprétés comme une allégeance à l’extrême droite. Aucun propos ni soutien de quelque sorte à une idéologie d’extrême droite n’a été tenu ce jour-là sur la place des Nations. Aucun propos ni soutien de quelque sorte que ce soit à une idéologie d’extrême droite n’y aurait été tolérée. Nous tenons à rappeler que le choix de vêtements civils de M. Tsisaryuk relève de son choix personnel dont le Comité Ukraine Genève n’avait d’évidence pas été informé.   

Dans les faits, des symboles similaires étaient utilisés par les combattants du bataillon Azov au moment de sa formation en 2014. Le bataillon était alors composé de milices, dont un certain nombre était en effet issu des groupes politiques d’extrême droite. Depuis, le bataillon a été réformé. Il a été intégré dans l’armée ukrainienne comme un régiment régulier et dépend du Ministère de l’Intérieur de l’Ukraine. C’est à ce titre qu’il a assuré la défense de la ville de Mariupol, assiégée entre mars et mai 2022. À partir de 2014, son symbole officiel a été modifié, pour éviter toute confusion possible. Dans un article du journal Le Temps, le journaliste Boris Mabillard donnait en mars 2022 la parole à un membre du régiment Azov qui s’exprimait ainsi : «Je suis membre d’Azov depuis huit ans et je n’ai jamais vu quelqu’un reprendre des slogans nazis ou prôner des idées antisémites. Je ne sais pas ce qu’il y a dans la tête de chacun de nos hommes, mais il est clair qu’Azov combat l’idéologie nazie. Il y a d’ailleurs des juifs parmi nos soldats. Et cependant, je dois continuellement apporter les preuves que nous ne sommes pas ce que Poutine dit de nous. »

Considérer qu’un régiment de l’armée ukrainienne porte allégeance aux mouvements d’extrême droite, ou promeut des positions révisionnistes concernant la Seconde Guerre mondiale, adhère ou résulte à nos yeux de la propagande poutinienne. 

Par ailleurs, le comité tient à rappeler que le score électoral de l’extrême droite en Ukraine est, selon les résultats d’élections parlementaires en 2019, de 2,19% avec un seul député au parlement. A titre de comparaison, les partis nationalistes-populistes en Europe occupent une place beaucoup plus importante dans le paysage politique. Ainsi, le Rassemblement National en France occupe 18% de sièges (89 député·e·s), l’UDC en Suisse autour de 25% (53 député·e·s), la Ligue du Nord en Italie 8,8% avec 66 député·e·s. L’extrême droite italienne a gagné les dernières élections et occupe désormais la Présidence du Conseil, etc.

Le Comité Ukraine Genève rappelle qu’en aucune manière il ne soutient quelque idéologie d’extrême droite que ce soit. Nous condamnons et condamnerons toujours fermement celle-ci, quelle que soit sa nature ou sa forme.

Conformément à notre déclaration de fondation du 24 mars 2022, nous exigeons le retrait immédiat du territoire ukrainien des forces d’agression russes, défendons le droit de résistance – y compris armé – de la population ukrainienne, et espérons une montée du mouvement populaire contre Poutine en Russie même. 

Nous soutenons les actions et prises de position des opposant·e·s russes à la guerre, dont nous nous efforcerons de relayer les initiatives. Nous saluons leur courage et leur détermination face à la répression et aux mensonges du pouvoir. Nous revendiquons la libération sans conditions des dizaines de milliers d’opposant·e·s à la guerre emprisonnés à ce jour.

Nous demandons l’accueil rapide et efficace de toutes et tous les réfugié·e·s, quel que soit leur statut. Nous appelons et relaierons les actions de soutien concret aux réfugié·e·s. 

Nous appelons les autorités helvétiques à poursuivre et à développer les sanctions prises contre les entreprises et les membres de la classe dominante russes dont des fonds sont dans des établissements suisses ainsi qu’à l’encontre de tout commerce de matière première avec la Russie de la part des entreprises ayant leur siège en Suisse. Loin d’être un petit pays neutre sans importance dans le commerce international, la Suisse abrite de nombreuses opérations financières décisives – en particulier dans le domaine énergétique – qui concernent directement la Russie. 

  • Retrait immédiat des troupes russes de tout le territoire ukrainien !
  • Soutien à la résistance ukrainienne. Pour la défense d’une Ukraine indépendante et démocratique !
  • Pour un accueil sans discrimination des réfugié·e·s !
  • Solidarité avec les opposant·e·s russes à la guerre de Poutine !
  • Blocage des avoirs liés au régime de Poutine abrités dans des institutions dont le siège est en Suisse !

Le Comité de solidarité avec le peuple ukrainien et avec les opposant·e·s russes à la guerre, fondé à Genève le 24 mars 2022, soutiendra et relaiera les initiatives correspondant à l’orientation qui précède. Il engagera des activités propres dans le canton de Genève, qu’il s’agisse d’actions humanitaires concrètes, de soutien aux réfugié·e·s ainsi qu’aux intellectuel·les et militant·e·s russes réprimé·e·s tout en s’efforçant d’apporter des éléments permettant de comprendre ce qui se passe.

Pour le Comité Ukraine Genève, Cyril Alispach, Alina Datsii, René-Simon Meyer, Nataliya Tchermalykh, Sylvain Thévoz 

Plus d’informations au sujet des manipulations autour du régiment Azov peuvent être trouvés dans des articles, écrits par des historiens des mouvements d’extrême droite, ainsi que par des politistes ukrainiens :

Pour aller plus loin, quelques livres à ce sujet :