Discours du 1er mai à Genève

Alina Datsii, membre du Comité Suisse-Ukraine de Genève

Bonjour à toutes et à tous. Je suis Alina Datsii, ukrainienne et membre du Comité de solidarité avec le peuple ukrainien et les opposant.e.s russes à la guerre. Nous sommes constitué exclusivement de bénévoles issu·e·s de la société civile, membres de différents partis, syndicats et organisations, mais aussi citoyen·ne·s concerné·e·s par la situation, Ukrainien·ne·s et Russes établi·e·s en Suisse, et toute personne désireuse d’agir contre la guerre en cours.

La guerre de la Russie contre l’Ukraine a provoqué la plus grande crise migratoire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Depuis le début de l’agression militaire, plus de 4 millions de citoyen.ne.s ukrainien.ne.s ont fui leur foyer et traversé la frontière en quête de sécurité et de protection.

En Suisse, les réfugié.e.s en provenance d’Ukraine obtiennent le statut S (statut de protection), jamais accordé jusqu’à présent. Cette forme d’autorisation de séjour donne la possibilité d’exercer une activité lucrative directement après l’obtention de ce statut. Cependant, il existe des restrictions concernant la mobilité professionnelle intercantonale. Une fois admises par un canton, les personnes à protéger ne peuvent travailler que dans ce canton. Par conséquent, malgré leur volonté de travailler, les Ukrainien.ne.s restent bloqué.e.s dans le canton où ils/elles se sont enregistré.e.s.

De nombreux/ses Ukrainien.ne.s arrivé.e.s en Suisse sont diplômé.e.s et qualifié.e.s. Parmi eux/elles, se trouvent des médecins, des enseignant.e.s, des interprètes, des psychologues, des chercheur.se.s… Toutefois, de nombreux obstacles s’opposent à la mise en valeur et à l’intégration au marché du travail des ressources potentielles offertes par les réfugié.e.s. Une des principales barrières est le manque de connaissances linguistiques, auquel s’ajoutent d’autres obstacles de types culturels, sociaux, administratifs et réglementaires. C’est pourquoi les programmes de préapprentissage d’intégration, mis en place par la Confédération, sont cruciaux car ils permettent aux réfugié.e.s de commencer un apprentissage pouvant être suivi d’un emploi régulier. Il est également nécessaire de donner la possibilité à ces personnes d’exercer une activité correspondant à leurs qualifications. De plus, l’accès aux jeunes Ukrainien.ne.s au programme de préapprentissage d’intégration pour les personnes (PAI+) de 18 à 35 ans leur permettra de mieux s’insérer dans le monde professionnel en Suisse.

Il est important de parler du profil des migrant.e.s ukrainien.ne.s. La grande majorité d’entre eux/elles est composée de femmes avec des enfants. Certaines sont capables d’exercer une activité lucrative, en revanche, certaines sont forcées d’arrêter de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Nous trouvons qu’il est nécessaire que les employeurs restent compréhensifs et s’adaptent à la situation des femmes réfugiées qui ont besoin de travailler en même temps qu’elles s’occupent de leur famille. Elles ont besoin de soutien de la part de l’État pour l’intégration de leurs enfants à l’école ainsi que leur acceptation dans les crèches.

Nous voulons également attirer votre attention sur le statut des opposant.e.s russes à la guerre en Suisse. Des opposant.e.s politiques et des journalistes cherchent l’asile ici, et nous trouvons qu’il est nécessaire de protéger les personnes qui se prononcent ouvertement contre toute agression militaire de

la Russie sur le territoire ukrainien. Il est également important de s’assurer qu’ils ne soient pas discriminé.e.s dans tous les aspects à cause de leur nationalité.

Il est aussi important de mentionner que le Comité de solidarité avec le peuple ukrainien et les opposant.e.s russes à la guerre s’opposent aux double standards en Suisse. La guerre en Ukraine a causé le déplacement des Ukrainien.ne.s qui sont accueilli.e.s dans des conditions différentes par rapport aux autres réfugié.e.s en si peu de temps. Cependant, nous espérons que l’accueil des personnes en provenance d’Ukraine en Suisse et en Europe va ouvrir les yeux sur les problèmes existants au niveau d’asile et d’intégration et poussera la Suisse à devenir plus solidaire avec tou.te.s les réfugié.e.s se trouvant sur son territoire.

Depuis les premiers jours de la guerre, le Comité Ukraine-Genève entretient un lien étroit avec la diaspora ukrainienne et collabore avec l’administration cantonale. Nous aidons les réfugié.e.s ukrainien.ne.s en les accueillant dans le Welcome Point à la Gare Cornavin et nous aidons à créer un lien entre eux/elles et la population genevoise grâce à l’Espace d’intégration qui se trouve à Soubeyran. Nous développons également d’autres projets. Plusieurs réfugié.e.s ont déjà rejoint nos initiatives en tant que bénévoles, et nous invitons toute personne motivée à rejoindre notre Comité dans le but d’agir contre la guerre en cours et d’aider les personnes qui la fuient.

Je vous remercie pour votre attention et SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE UKRAINIEN ET TOU·TE·S LES REFUGIÉ·E.S SANS DISCRIMINATION!