24 février • Trois ans de guerre contre l’Ukraine

Rassemblement à Lausanne, 24 février 2025, 18h00, Place Saint-Laurent

Le rassemblement du 24 février à Lausanne, avec les conseillers nationaux Raphaël Mahaim (Les Verts) et Jean Tschopp (Parti socialiste).

Discours prononcé par Sébastien Abbet, Comité de solidarité avec le peuple ukrainien et les opposant·e·s russes à la guerre

Il y a trois ans nous nous trouvions déjà rassemblés sur une place de Lausanne pour protester contre l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie de Vladimir Poutine. Nous dénoncions également le fait que la Suisse contribue, en tant que place financière et haut lieu du négoce des matières premières, à financer l’effort de guerre poutinien.  

Il y a deux ans, la population ukrainienne et ses forces militaires, au prix d’efforts gigantesques, avaient fait échec à la transformation de leur pays en une dépendance de la Fédération de Russie et à l’imposition d’une occupation sur l’ensemble du territoire. Mieux même, l’armée russe avait reculé sur de nombreux points du front, laissant espérer un tournant dans la guerre. Ce dernier ne s’est pas concrétisé, en particulier en raison d’un soutien timoré de nombreux États occidentaux.  

Il y a un an, nous soulignions une fois de plus la place occupée par les places financières et économiques de ce pays en élargissant les brèches dans le dispositif des sanctions et par les exercices d’équilibristes des autorités helvétiques, y compris lorsqu’il s’agissait de parler de « paix » ou de « reconstruction en Ukraine ». Nous condamnions aussi les velléités de partis politiques helvétiques voulant revenir sur le droit imprescriptible qu’a la population ukrainienne à bénéficier de l’asile dans ce pays dans des conditions dignes et justes.  

Le rassemblement de l’année passée se déroulait dans un paysage encore plus sombre qu’auparavant. De nouveaux coups de boutoir étaient portés contre un droit international déjà bien fragilisé. Détruire Gaza, comme détruire Marioupol ; déplacer de force des centaines de milliers d’habitant·e·s, en Palestine comme en Ukraine sont autant d’atteinte aux droits fondamentaux des populations humaines, où qu’elles soient. L’incapacité à traîner devant la justice internationale les responsables de ces actes, qu’ils s’appellent Vladimir Poutine ou Benjamin Netanyahou est une tâche indélébile souillant notre époque. Une époque qui se caractérise, décidément, par un effacement du « plus jamais ça ! » et de principes visant à assurer des relations internationales pacifiées hérités de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. 

Ce 24 février 2025, l’heure est encore plus grave et sinistre qu’en 2022, 2023 et 2024. Le nouveau président des États-Unis, Donald Trump, copie dans son pays les pratiques de Vladimir Poutine : destruction des libertés et des droits fondamentaux, démantèlement de l’État au profit d’une clique d’oligarques.  

À l’échelle internationale, son vice-président, son oligarque Musk et lui-même dictent une orientation nouvelle.  Celle de gangsters se divisant la planète en sphères d’influence, transformant le droit international, la CPI, l’ONU et d’autres institutions en coquilles vides. Exactement les pratiques que veut imposer depuis un quart de siècle Vladimir Poutine. En soutenant les pires forces réactionnaires et d’extrême droite partout dans le monde, ce nouveau gouvernement américain montre une fois de plus ce que nous répétons depuis trois ans : la solidarité avec le peuple ukrainien est une lutte aussi bien pour l’indépendance d’un pays agressé que pour nos libertés.  

C’est une honte que certains de nos dirigeants, à l’instar de Mme la Conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, s’accommodent ou veulent accompagner un tel basculement. L’histoire regorge malheureusement d’épisodes où les puissants de ce pays se sont placés dans le sillage des États les plus brutaux. Qu’y a-t-il, en vérité, de plus brutal que le « plan de paix » de Trump qui n’est rien d’autre qu’un projet d’exploitation coloniale des ressources du pays sans même offrir de garantie d’une fin de l’agression de la Fédération de Russie ? Il nous appartient, ici, de lutter dans ce nouveau contexte ; de combattre contre toute atteinte aux principes démocratiques et aux libertés fondamentales.  

Le paysage est sombre. Nous basculons dans une nouvelle ère historique. Nous n’avons pourtant pas d’autre choix que de nous battre pour nos libertés et pour celles des Ukrainien·nes. Si le tableau d’ensemble est obscur, un événement récent vient nous rappeler qu’il ne faut jamais abandonner l’espoir. Le 8 décembre dernier, le dictateur sanguinaire de la Syrie, Bachar al-Assad, soutenu à bout de bras par la Russie et d’autres forces réactionnaires, s’est enfuit, mettant un terme à des brutalités innommables et conduisant à l’ouverture des prisons, véritables usines à torture. Souhaitons, dans notre solidarité avec le peuple ukrainien et dans nos autres combats, d’avoir un peu de l’énergie des révolutionnaires syriens, faisons en sorte que tous les Poutine et les Trump connaissent un sort semblable.

Merci pour votre attention.

Discours prononcé par Raphaël Mahaim, conseiller national Les Verts

Nous sommes là en priorité pour rappeler à la ville, au canton, au pays et au monde notre solidarité entière envers le peuple ukrainien. Le temps écoulé depuis février 2022 n’a pas atténué les horreurs subies depuis le début de l’agression russe, bien au contraire. Le temps de guerre qui s’écoule est un temps de douleurs atroces, de familles brisées, d’enfances volées et de destruction d’un Etat qui n’aspirait qu’à la paix et à poursuivre son chemin, en toute autonomie et en toute indépendance.

Le président US a dit que c’est qui avait causé le début de la guerre, c’est la volonté d’élargir l’OTAN à l’Ukraine. Une telle déclaration est une honte et une insulte à la mémoire de toutes les Ukrainiens tués dans cette guerre !

La président US a dit « Ça fait trois ans que vous êtes là-dedans. Vous auriez dû y mettre fin avant. Vous n’auriez jamais dû commencer cette guerre. Vous auriez pu conclure un accord ». Une telle déclaration est une honte et une insulte à la mémoire de toutes ceslles et ceux dont la vie a été bouleversée par l’agression russe en février 2022 !

A la honte de ces déclarations sinistres, il faut répondre par une volonté sans failles de garantir complètement l’autodétermination de l’Ukraine, sans domination russe et sans ingérence américaine ; et je crois qu’aujourd’hui, seule l’Europe en est capable. Le réveil de l’Union européenne est maintenant vital : l’UE est la seule à pouvoir interférer dans les discussions entre le dictateur du Kremlin et le fasciste de la Maison Blanche.

L’UE doit dénoncer systématiquement, au besoin tous les jours, les mensonges russes et les déclarations cyniques américaines.

L’UE doit poser des conditions claires pour les négociations sur la paix qui servent l’Ukraine et non le Kremlin.

L’UE doit se rendre indispensable dans les négociations, pour que le sort de l’Ukraine ne se décide pas dans son dos.

Je termine par un appel à notre Conseil fédéral : le Conseil fédéral doit agir et non réagir aux déclarations américaines. Il doit avoir le courage de ne pas suivre l’agenda funeste des USA dans ces négociations, lequel sert les intérêts russes. Le Conseil fédéral doit dire haut et fort qu’il prendra sa part de responsabilité et inciter l’Europe à prendre la sienne. Pour l’autodétermination de l’Ukraine et l’avenir du peuple ukrainien !

Slava Ukraini !


Appel au rassemblement

Le 22 février 2025, trois ans nous sépareront du début de l’agression militaire de l’Ukraine et de son peuple par le régime assassin de Vladimir Poutine. Depuis lors, des milliers d’enfants ukrainiens ont été déportés de force vers la Russie afin de les «russifier» et effacer leur identité culturelle. Les forces armées russes attaquent aveuglément les villes par les airs pour priver la population civile d’électricité, de chauffage, d’eau potable et des services de base. Les territoires occupés par la Russie sont le théâtre de meurtres, de tortures et de sévices de tout ordre. Sur le champ de bataille, les troupes russes ont utilisé des armes chimiques interdites et ont commis des atrocités sur les prisonniers de guerre. L’ampleur des dégâts ne concerne pas seulement des vies humaines, mais aussi le tissu de la société ukrainienne, sans oublier un environnement dévasté.

Plus que jamais, le peuple ukrainien a besoin d’une solidarité agissante et effective. Notre aide et notre soutien sont d’autant plus nécessaires que la montée de l’extrême droite en Europe et le retour au pouvoir de Donald Trump menacent d’affaiblir une aide occidentale déjà chichement accordée.

L’action doit viser les objectifs suivants.

Au niveau international :

  • L’application effective des sanctions contre l’agresseur russe, y compris contre ses méthodes de contournement (flotte fantôme, livraison d’énergies “blanchies” par des pays tiers, pièces et matériels dits à double usage).
    La poursuite de l’aide économique et humanitaire à la population ukrainienne.
  • L’annulation de la dette de l’Ukraine, véritable menace de paupérisation durable du pays et de ses habitant·e·s.
    Le soutien militaire à la défense contre l’invasion de la Russie et de son allié nord-coréen.

En Suisse :

  • Une application enfin efficace des sanctions internationales.
  • Le maintien de l’accueil des réfugié·e·s ukrainiens en Suisse et prolongation du statut de protection S tant que l’Ukraine reste en guerre.
  • L’accélération du processus de reconnaissance des diplômes ukrainiens.
  • La facilitation de l’intégration professionnelle de la population ukrainienne à tous les niveaux (cours de langue gratuit, certification accélérée, stages d’immersion, etc.).
  • Engagement respectant les conditions usuelles de la branche.

Pas de paix sur le dos du peuple ukrainien !

Ce n’était pas imprévisible, loin de là. Mais le choc n’en est pas moins puissant. En s’alignant, avant même le début des négociations, sur les demandes de Moscou, Trump envoie un signal alarmant à tous ceux et celles qui soutiennent le droit du peuple ukrainien à disposer de lui-même. Et donc à revendiquer une paix juste, porteuse de sécurité et de développement social.

Trump, qui veut en finir vite, se place ainsi dans la main du Kremlin. Il accepte, voire revendique, de négocier sans se préoccuper de l’Ukraine, de son gouvernement et de son peuple. Tout à son face-à-face avec Poutine, il se place sur son terrain et légitime rétroactivement l’agression russe. Pire : en refusant de juger les actes de l’impérialisme russe pour ce qu’ils sont, une invasion militaire sans justification aucune, qui s’accompagne de violations brutales du droit international, suivie de crimes de guerre, il cautionne par avance d’autres actions du même genre. La Géorgie, la Moldavie, voire les Pays baltes sont avertis.

Les négociations imposées par les États-Unis et la Russie, le peuple ukrainien connaît déjà : en 1994, les mémorandums de Budapest, par lesquels le Belarus, le Kazakhstan et l’Ukraine renonçaient à leurs armes nucléaires, devaient apporter la sécurité à ces pays. Une sécurité garantie par les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Chine et la Russie. Aujourd’hui, l’Ukraine n’a plus ni armes nucléaires, ni sécurité, ni garanties et pas plus d’intégrité territoriale.

Le secrétaire à la Défense de Trump, Pete Hegseth, l’a expliqué sans gêne aucune : le retrait des troupes russes sur leur position de départ est un « objectif illusoire », l’adhésion à l’OTAN une requête « irréaliste » ; de plus, les États-Unis ne participeront pas aux éventuelles garanties de sécurité issue d’une négociation.

Et le lâchage de la population ukrainienne a déjà commencé : la fermeture de l’Agence américaine de l’aide au développement (USAID) implique l’arrêt d’une série de programmes d’aide humanitaire en Ukraine même (aide aux vétérans de guerre, déminage, etc.). Sous les applaudissements de Minsk et Moscou.

Dans cette situation, la première chose à faire est de revendiquer haut et fort le droit à l’autodétermination de l’Ukraine, qui implique son droit à l’intégrité territoriale !
Pas de négociations sur le dos du peuple ukrainien, pas de négociations sans l’Ukraine !